L’eau féconde.

au creux de mon epaule.jpg
blue tear.jpg

Voguant sur les flots de l’Arctique, régulant sa respiration rendue vaporeuse par le froid, Patricia de Solages attend le moment juste pour photographier son univers de glace. La jeune femme ne bouge plus. Elle adapte son souffle dans l’espoir du moment parfait. Elle attend l’émotion d’une rencontre. Le geste du calligraphe oriental se résume ici dans la mécanique d’un « clic ». 

luz y sombra.jpg
volupte1.jpg

D’un cadrage au scalpel apparaît un corps. Une courbe en forme le ventre. Une ombre en érode la cuisse. Une image se dévoile en rideau de soie. Une autre explose dans la colère et le magma. Le marbre de Carrare n’est jamais loin… que dire de cette photographie qui résonne telle une plaque d’argent que l’on martèle ? Une lame abstraite dans le duvet d’une neige poudreuse, la frontière géométrique de la balafre d’un néon bleu, la fissure devient maternelle, humaine… Musique amicale du clapotis des vagues.

 

Colosses de la nature ou simples glaçons, les icebergs finissent toujours par fondre. Si la nature nous fascine par sa force, elle nous fascine désormais tout autant par sa fragilité. Le XXIème siècle achève ce que le XXème avait débuté : l’empreinte de l’homme recouvre le monde. Patricia de Solages possède le don de dépasser cette fatalité. Témoignages rares d’un voyage intérieur en terres inconnues, ces photographies plongent le spectateur dans l’intimité d’une femme habituée à côtoyer l’harmonie d’une terre originelle.

  

Axel Van Der Stappen